
Hophophop, bobo Télérama, Critique littéraire aujourd'hui. Pas très critique en fait. j'aime beaucoup Régis Jauffret. D'ailleurs c'est l'un des rares auteurs français contemporains que je connaisse (on notera l'abondance de sous catégories :D ) que je puisse sacquer. Merci pour lui.
Moins de 14 ans, gare à vous, Régis Jauffet n'est pas Anna Gavalda (oui, j'ai dit que je l'aimais bien.), chez lui une histoire d'amour commence par un viol, se poursuit par un viol, et se termine sur un viol ( allusion à l'un de ses romans qui m'a profondément marquée, "Une histoire d'amour").
Si vous voulez faire le tour de son pessimisme et des entrailles de son monde, qui est aussi le notre, en forme de Gotham City sans Batman pour sauver les grands-mère, je vous conseille de commencer par quelques Microfictions, 500 nouvelles d'une page, une page et demi, qui vous arrachent littéralement les tripes. On se croirait dans un autre monde, et puis en ouvrant bien les yeux, on réalise que c'est du notre dont il s'agit, cette part du monde alcoolique, violente, déchirée et essouflée que l'on passe notre vie à essayer d'oublier.
Le monde, la France, les hommes sont réduits à leurs pensées les plus vénales, perverses, morbides. A leur chair. Chaque chute ressemble à ces phrases qu'on aimerait bien prononcer à 14 ans, pour la provoc', mais qui restent dans nos têtes.
Le tour de force de Régis Jauffret, c'est l'hypothèse. Le conditionnel. L'impression que tout ce qui est dit n'est jamais plus qu'une possibilité de vie. Dans les Microfictions, la brièveté des histoires nous laisse penser qu'après tout, puisque c'est si court, cela ne doit pas être vrai. L'auteur n'est pas là pour nous dire la vérité. Il est la pour nous proposer de la voir, à nous de l'accepter ou de rester dans le conditionnel qu'il utilise tout au long de Promenade, roman dans lequel l'errance est poussée à son paroxysme. Pas de but, pas d'envies, juste cette errance au conditionnel. Tout ce que Régis Jauffret nous montre est une perception de la vie comme un noeud de probabilités infimes.
Autant vous dire que c'est pas réjouissant réjouissant, mais c'est étonnamment puissant et hypnotique.
Si les yeux de Régis Jauffret sont durs, ce qu'il nous raconte aussi. Farandole d'enfants abandonnés, d'ex-rockers sexagénaires, de ratures de flics, de PDG pourris, de prostituées sans salaire. Enchaînements de morts, de vols et viols, d'arnaques et d'atrocités verbales sans scrupules.
A vous de voir si le monde est tel que le décrit Régis Jauffret ou si ce qu'il nous propose n'est pas l'une des multiples faces que le monde aurait pu prendre ...
Elle refuserait dorénavant de se laisser entraîner par les raisonnements funestes qui l'emmaillotaient. Et quand elle marcherait dans la rue, la foule lui semblerait un ruban continu de personnes anonymes. Elle s'abstiendrait d'imaginer leur existence, leur mode de vie, leur manière abjecte de se moucher au-dessus de la poubelle et de penser parfois au suicide en faisant sauter des crêpes pour leur neveux.
Régis Jauffret, Promenade.
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