Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Les vieux, Jacques Brel
A la fac il y a toujours des gens bizarres. Toujours. Personne ne peut dire le contraire. Il y a les geekos amateurs de jeux de rôles qui font des vannes douteuses au sujet de La Menace Fantôme, (d'ailleurs ils pensent toujours que c'est le meilleur opus. Erreur.) si vous avez le bonheur de vivre dans le froid vous avez dû également goûter au plaisir du headband en laine et autres trucs honnêtement douteux de bobos parisiennes (et là je dis révolte).
Mais moi dans ma fac il y a un drôle de type. Son métier : inconnu. Son âge : inconnu, mais une chose est sûre, il doit faire monter la moyenne d'âge de la cafet' d'au moins 25 ans quand il en passe la porte. Mais peu importent ses rides. C'est le plus beau de tous les vieux. Au moins.
Vous avez sans doute remarqué mon amour des rides, chez Samuel Beckett puis chez Louise Bourgeois. Eh bien c'est global. Ceci est un aveu. Qu'oser dire à ces paysages creusés et érodés par les années, le sel et le vent ? Les vieux sont les plus beaux de tous parce qu'ils pourraient tout savoir, ils ont tous des instants d'absence, comme si la mort approchant, il se rappelaient la tendresse de l'enfance. Les vieux sont touchants quand ils oublient ce qu'ils ont vécu, mais que leurs mains de soie fripée sont là pour nous rappeler qu'ils en savent bien plus long que nous. Souvent ils redeviennent enfant et entre deux plis, leurs yeux s'éclairent de bonheur.
Ce monsieur à la fac fait des jeux. Il gobe du raisin et découpe des serviettes en papier pour nous regarder à travers. C'est le plus beau de tous les vieux car il a atteint ce stade de retour à l'enfance sans pudeur. Il est intelligent, nous le savons tous car ses rides et ses yeux nous le disent.
Mais parfois quand je croise son regard j'ai la sensation qu'il rattrape des années perdues à se prendre au sérieux.
Les vieux savent tout et veulent se souvenir de l'époque où ils ne savaient rien. Le poids de la connaissance et de l'expérience semble insurmontable.
Leurs rides sont les strates d'un univers.
Bon, là, je dis: magnifique.
RépondreSupprimerVraiment magnifique..
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