samedi 19 juin 2010

Esthétisme, Kitsh et Hermaphrodites.

Le cremaster est une structure musculaire paire et symétrique qui recouvre les testicules sur leurs faces latérale et médiale. Sa fonction est de soulever ou d'abaisser le scrotum afin de réguler la température des testicules pour favoriser la spermatogenèse.

Je cherchais une citation érudite (ça c'est bon) et pleine d'humour Café du Commerce, mais j'ai pas trouvé (on peut pas assurer à tous les coups hein.), donc je vais commencer platement.

Matthew Barney, un chic type qui parle anglais comme.. un français pure souche, bien qu'il soit vraisemblablement, sauf mensonge des services publics et manipulation internationale de la part des francs-maçons (et des juifs), américain. Marié à la seule islandaise que l'on connaisse, j'ai nommé Björk. Ca fait du pipole et pourtant les tabloïds s'en foutent.

Mais après tout, concentrons nous sur les productions de monsieur Barney dont la sexualité doit être en flottement permanent si j'en crois l'avis de Sigmund. Dans son cycle du Cremaster, commencé en 1994, l'homme se fait escargot. Sans la bave, la coquille, les antennes. Juste l'hermaphrodisme en fait. Par simple désir de censure et de tyrannie, je ne vous parlerai ici que du premier film de la série. Hopla.
Commençons par la fin : hermaphrodisme, donc. Gonades indifférenciées (amis scientifiques, cet ode au programme de terminale est pour vous), canaux de Müller et de Wolff, Barney s'attache à des figures géométriques, dessinées par les deux dirigeables Goodyear (?), par Goodyear elle-même, cette femme en blanc cachée sous la table qui dicte leurs actes à tout un régiment de femmes déguisées en vagin et déambulant sur un terrain de football.

Ah oui, expliqué comme ça c'est le bordel hein. Des dirigeables, un terrain de foot, des femmes-vagins, des femmes-U.S.-Navy-hommes, des sculptures phallo-utérines, du raisin, une Goodyear virginale digne de Lewis Caroll et du raisin qui contrôle le monde. Trouvez Charlie maintenant.
Dépatouillons tout cela. essayons. Tenez, coup de fil à Wikipédia, qui nous offre généreusement ses substantifs: baroque, onirisme, symbolisme, corporalité, identité sexuelle, opéra, fable. (Bon après, Wiki compare le Cremaster à Star Wars, je passe.)
Je suis d'accord avec tout. (attendez, c'est Wiki, ça déconne pas.) Mais quand même j'ajouterai bien mon petit grain de sel (ouais, c'est mon blog, j'fais c'que j'veux.). Esthétiquement, c'est beau, d'un point de vue strictement cognitif, c'est déroutant, on se perd. Bien sûr, les allusions à la perte d'identité sexuelle sont parfois lourdingues genre "Oui Matthew, merci Matthew pour le zizi sur la pelouse."
Mais les choix musicaux font presque tout, au même titre que des symétries volontairement ratées, en magnifique opposition avec la perfection du maquillage et des costumes, celles de la géométrie.
Ce n'est pas un coup de coeur. Mais il me semble que c'est à voir. Moins que ses clips, plus que ceux des autres.

jeudi 3 juin 2010

Attente, Absence et Absurde.



Avant tout, observez ces yeux.

Effectivement, ils sont bleus, ils semblent vides, mais sont aussi intelligents et créateurs que la voix de Michel Foucault. Je pose le sujet : ce sont ceux de Samuel Beckett.
Cet homme sait tout, je vous préviens, il a tout compris, tout montré, si ses yeux sont si transparents, c'est sans doute qu'ils absorbent le monde et la condition humaine sans fioritures. On ne rigole pas avec Beckett.. ou peut être que si, parfois, entre deux répliques de Hamm, Willie ou Pozzo.
A poor lonesome cowboy, un homme sans influences, si ce n'est un semblant de Purgatoire à la Dante dans ses lignes. Après avoir vaguement montré sa science dans quelques essais ; Dante, Proust, dramaturgie italienne...sur les conseils de l'autre ami irlandais, j'ai nommé James Joyce, qu'un jour nous parviendrons peut-être à lire, il rompt avec l'érudition qu'il avait déjà largement démontrée, et commence la construction d'une oeuvre charnière pour la littérature du 20ème siècle.

Samuel Beckett créée un genre nouveau, non pas le théâtre de l'absurde à la Ionesco comme on pourrait le penser, mais du théâtre de l'absurde irlandais. Un théâtre et des romans, je m'en voudrais de ne pas les mentionner (minute "ma vie" : je lis actuellement l'un des trois tomes de sa trilogie sur la condition humaine : Molloy) marqués par un profond pessimisme. Ce pessimisme qui trouve son essence dans l'attente et l'absence (l'attente de l'absence ?)
Plus d'humains, seulement des monstres. Pas des Éléphant Man, ni des Jack l'éventreur, non, pas des monstres en ce sens, mais plutôt des Hommes. Donc des monstres. Voilà la corrélation. L'Homme hait le monstre et l'Homme est le monstre. Flagrant dans Fin de partie, plus discret dans En attendant Godot, cet aspect de la littérature n'est pas nouveau, mais matérialisé et exacerbé chez notre homme.

On l'a accusé de tous les torts, de sous-écrire, de sur-écrire, mais le plus souvent, Beckett sait poser ses mots. Que voulez vous. Monsieur est normalien, Monsieur est ami avec James Joyce, et avant tout, Monsieur est d'une intelligence rare! Incommunicabilité, frivolité du quotidien, matérialisme, irrévocabilité de la mort, impossibilité ou inutilité du carpe diem.
Peut-être que j'ai faux sur toute la ligne, mais Beckett me dérange et m'émeut, le plaisir qu'il prend à jouer avec la langue française me touche.
Si une chose peut lui être reprochée (et je suis draconienne), c'est peut être la grande homogénéité de son oeuvre, sa constance. Mais bon. Ça reste Beckett, et Beckett, ses rides, ses yeux, ses livres, je les aime.


P.S. : oui, je sais, ça fait deux photos ridées de suite, mais que voulez vous, je suis sentimentale et la vieillesse m'émeut. Louise et Samuel sont magnifiques dans leur vieillesse et dans leurs rides.